Gracianne Hastoy

Gracianne Hastoy

 

Préface publiée pour le recueil des poésiades

Et s’il n’en reste que des mots, c’est déjà bien… Vos poèmes, vos efforts, vos joies à l’idée d’être primés, vos désarrois et vos inquiétudes devant l’attente, tout demeure dans les mots imprimés de ce recueil.

Il y a cette année autre chose. Il y a dans ce livre des mots qui ont le goût salé des larmes, et des paroles qui riment avec tristesse. Il y a un morceau de notre cœur imprimé au creux des pages, et un souvenir symbolisé par le Prix Spécial Marie-Hélène Bordes. Une prière. Etait-ce manifestation du destin, ce texte pioché dans vos œuvres et qui accompagne d’autant mieux son départ, qu’il s’est imposé au jury en témoignage de notre amitié, et de notre chagrin ?

Elle nous laisse des mots, et bien davantage. Des rires, et sa voix, des émotions à la pelle, des vides, ô les vides qu’elle laisse…

Contre toute attente cependant, le premier prix est, lui, un hommage au rire. Ne l’aurait-elle pas finalement préféré ainsi ? Nous avons cherché, traqué les mots justes, les mots vrais. Il fallait témoigner, laisser une empreinte. Une prière et des rires. S’il n’en restait que des mots, qu’ils soient ceux-là…

Si j’ose vous parler de cela, c’est que vous êtes artistes et poètes, habitués à jouer, à fluctuer sur la corde des mots, à les embellir, les agencer, les enjoliver parfois au détour d’une rime. La mort n’était pas de vos sujets de prédilection cette année, elle était ailleurs occupée, déjà au rendez-vous, préparait son guet-apens. Vous l’avez snobée, vous avez bien fait ! Les messages de paix finissent toujours par tuer les guerres, il en est de même pour les messages de vie… En revanche, vous avez déployé pour nous toute la palette de vos couleurs de poètes : amour, guerre, amitié, enfants, pollution, rires, humour et ironie.

Mais l’amour, en particulier, que vous en avez bien parlé ! C’est aussi la beauté de ce prix 2004. Vos mots compensent la triste réalité. Et s'il n’en reste que des mots…

Y aura-t-il un prix 2005 ? Au début, autant vous l’avouer, les hauts cris étaient catégoriques. Nous avions perdu la lumière, notre phare. Les Poésiades étaient orphelines, et livrées aux brumes maritimes de notre tristesse. Aujourd’hui, c’est la mémoire, le devoir du souvenir qui priment, et les cris sont devenus des murmures, parfois des espoirs : et si, pour elle, on continuait ? Les vraies lumières, celles des étoiles, ne s’éteignent jamais…

Tant pis pour nos doutes, et nos erreurs à venir, nous prenons le risque.

Et s’il n’en reste que des mots …

Gracianne Hastoy


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Modifié le 09 - 12 - 2010
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